Michel Goulet, Le "Surdoué de Péribonka"
Le nom de Péribonka, un des plus petits villages du Québec, est inscrit en lettres indélébiles sur la carte du monde.
Depuis près d'un siècle, Louis Hémon est venu y découvrir Maria Chapdelaine, et son message a été diffusé dans nombre de langues, à la grandeur du globe. Depuis près d'un demi-siècle, Péribonka est le point de départ pour les plus grands nageurs de la planète venus affronter les vagues du lac Saint-Jean en direction de Roberval.
De 1979 à 1994, le courage, la ténacité et le talent de Michel Goulet, joueur de hockey professionnel, ont contribué à maintenir les traditions d'excellence qui font de son patelin un endroit de prestige.
En dehors de ses activités sportives accaparantes, il n'a jamais hésité à s'impliquer pour soutenir les organisateurs de la Traversée internationale du lac Saint-Jean à la nage et, lorsqu'en 1982 on entreprit la construction d'un musée Louis-Hémon digne de ce nom dans son village, il accepta avec enthousiasme la présidence d'honneur d'un cocktail-bénéfice. Nul mieux que lui et Maria Chapdelaine ne pouvaient attirer l'attention sur le milieu.
Fils de Jean-Noel Goulet et d'Alphonsine Lavoie, Michel Goulet est né à Péribonka le 21 avril 1960. Son grand-père Goulet est venu de Chambord, près de Roberval, vers 1919 pour cultiver une terre dans la paroisse si bien décrite par Louis Hémon. L'ancêtre francais, Jacques Goulet, de l'arrondissement de Mortagne, au Perche, émigra au Canada, à L'Ange-Gardien, vers 1650.
Dès l'âge de treinze ans, alors qu'il s'alignait avec les Loups de Mistassini, Michel Goulet était déjà reconnu comme une étoile dans la Ligue midget de hockey.
De seize à dix-huit ans, il se fit remarquer dans la Ligue junior majeure pour les Remparts de Québec; à sa première année, il terminait en tête des compteurs. La deuxième année, avec 73 buts dans 72 matches, il fut choisi comme "joueur par excellence et super à tous les points de vue."
Saison 1977-78 avec les Remparts de Québec
En août 1978, il signait un contrat avec les Bulls de Birmingham de l'Association mondiale de Hockey. L'année suivante, en juin 1979, à l'âge de 19 ans, les Nordiques le sélectionnaient comme premier choix au repêchage amateur de la Ligue nationale. En août de la même année, il devenait le premier joueur de la Ligue nationale à signer un contrat d'engagement en francais.
Le 13 juin 1981, à Charlesbourg, Michel Goulet épousait Andrée Gravel, fille de Roland Gravel et d'Yvette de Bellefeuille; ils ont trois enfants: Dominique, Vincent, Nicolas.
Ailier gauche ou droit, mesurant six pieds et un pouce et pesant 195 livres, il allait faire une carrière phénoménale de 15 ans dans la Ligue nationale, dont 11 ans avec les Nordiques de Québec. Durant toutes ces années, les amateurs du Colisée l'ont encouragé avec des "Gou-Gou-Gou" tout comme les partisans de Guy Lafleur l'avaient soutenu avec des "Guy-Guy-Guy".
A l'extrême gauche dans l'uniforme des Remparts Vs Corwall.
En 1981-1982, il a remporté le trophée "Mérite Entrain" remis annuellement à un membre des Nordiques qui maintenait le meilleur niveau de condition physique tout au cours de la saison.
Dans le chandail des Nordiques de Québec
En 1984, il a fait partie de l'équipe canadienne ayant remporté la coupe Canada et il a été élu à nouveau le joueur par excellence de la finale.
Le 5 mars 1990, en compagnie du gardien Greg Millen, il passe aux Blackhawks de chicago contre Daniel Vincelette, Everett Sanipass et Mario Doyon. C'était l'époque où les Nordiques sacrifiaient leurs vétérans dans le but de secouer leur guigne.
Avec Chicago saison 1991-92
Michel Goulet a complété quatre saisons de plus de 50 buts dont 57 en 1982-1983. À deux reprises, il a inscrit quatre buts dans une même joute dont la dernière fois au Forum de Montréal, le 17 mars 1986. Son équipe avait alors remporté les honneurs du match au compte de 8 à 6, après avoir tiré de l'arrière 3 à zéro très tôt en première période. C'est à cette occasion que Peter Stasny, qui connaissait la réputation de Maurice Richard depuis l'époque de son enfance à Bratislava, avait comparé Michel Goulet au Rocket et aux fantômes du Forum. C'est en 1994 que Goulet égala la marque de Richard, "l'idole d'un peuple", avec son 544e but.
Le 3 janvier 1994, il obtenait 5 points, un but et 4 aides, dans un match contre le Canadien.
Dans 1089 rencontres, il a compté 548 buts, obtenu 604 aides et passé 825 minutes au banc des pénalités; il revendique 16 Tours du chapeau et il se classe au onzième rang des compteurs de buts dans l'histoire de la Ligue nationale.
Il a participé au match des étoiles durant 5 ans, de 1983 à 1988.
Il a joué dans 92 matches des séries éliminatoires pour compter 39 buts et obtenir autant d'aides avec 110 minutes de pénalité.
Au moment de son départ du Colisée, il avait déjà à son crédit 456 buts en saisons régulières dans l'uniforme des Nordiques.
À l'image de Howie Morenz en 1937, Toe Blake en 1948, Pierre Mondou et Jean Hamel en 1985, Mario Tremblay en 1986 et de nombreux autres dans l'histoire de la Ligue, une malheureuse blessure allait mettre fin à sa fabuleuse carrière de hockeyeur; tout comme Lou Fontinato en 1963, il aurait pu demeurer invalide.
Le 16 mars 1994, à l'occasion d'une rencontre entre son club des Blackhawks de Chicago et les Canadiens de Montréal, dans une chute non provoquée par un adversaire, il plongea tête première contre la clôture. Toute l'assistance du Forum et les spectateurs de la télévision en demeurèrent sidérés. Il fut sorti de la patinoire sur une civière et les médecins diagnostiquèrent une sévère commotion cérébrale. Cette blessure l'obligea finalement à annoncer sa retraite définitive et prématurée de joueur actif, le 26 janvier 1995.
À la suite de ce pénible et déplorable accident, le réputé journaliste commentateur Claude Larochelle s'est posé la question à savoir si les fantômes du Forum, exacerbés des prouesses de Goulet, n'avaient pas voulu exercer une vengeance à son endroit. C'était extrapoler et fabuler un peu fort. Les fantômes du Forum ne sont pas des monstres. Ils sont des marchands de gloire et des aiguillons de victoires pour le Canadien.
Le 16 mars 1995, les Nordiques de Québec retiraient le chandail No 16 de Michel Goulet et ils le remplacaient par une bannière dans les combles du Colisée avec celles de Jos Malone, Jean Béliveau, Guy Lafleur, Jean-Claude Tremblay et Peter Stasny.
Depuis l'époque de sa retraite, Michel Goulet est à l'emploi de l'Avalanche du Colorado, comme dépisteur, ce qui lui a permis, durant l'été 1996, d'apporter à Péribonka le trophée le plus convoité et le plus prestigieux au hockey, la légendaire coupe Stanley.
Depuis les premières années de sa carrière, les hommages sont nombreux à l'endroit de Michel Goulet; ces éloges ne diminuent en rien sa modestie et sa franche camaraderie à l'égard de tous ses coéquipiers.
Dès le 20 juillet 1983, Jacques Beauchamp, un journaliste émérite du hockey, déclarait que Goulet était "le meilleur ailier gauche de la Ligue nationale".
"Goulet avait le compas dans l'oeil; très rapide, il possédait des mains extraordinaires. À lui seul, il a personnifié les Nordiques durant plus d'une décennie. S'il y en avait un qui répondait à la définition du Flying Frenchman, c'était bien lui. Les Nordiques ont laissé partir un gros morceau en l'échangeant aux Blackhawks." (Dale Hunter).
"Il n'était sans doute pas aussi flamboyant et ne soulevait pas les foules comme Maurice Richard, mais il avait le même sens du jeu. Très rapide, il jouait bien son aile et se retrouvait toujours à la bonne place. Il excellait également en défensive et il n'hésitait jamais à passer la rondelle à un coéquipier en meilleure position que lui". (Alain Côté dit le Beu de Matane).
Carte de Hockey Upper Deck 1992-93
"Michel Goulet a conquis toute une génération de partisans par son talent, sa persévérance et son flair sur le jeu de puissance." (Le Centre de formation Patinage Power Skating).
La renommée légendaire de Michel Goulet rejaillit non seulement sur son village de Péribonka et sur le comté de Roberval, mais aussi sur le Québec tout entier et sur le Canada.
Source: M. et Mme Jean-Noel Goulet, de Péribonka.
Cahier spécial du journal Le Soleil, vendredi 17 mars 1995.
Le Journal de Québec, 30 juillet 1983, 24 mars 1978, 10 août 1979, 10 février, 27 octobre, 6 novembre 1982, 14 janvier 1988.
Revue Témoignage, 29 avril 1995.
Le Soleil, 7 novembre 1992, 3 août 1978, 10 août 1979, 7 mars 1983.
Le Point, 14 décembre 1977.
Progrès-Dimanche, 26 mars 1978, 14 juillet, 12 décembre 1982.
L'Étoile du Lac, 5 novembre 1975.
Le Quotidien, 26 avril 1980, 11 octobre 1980.
La Presse, 28 avril 1982.
Michel Goulet (Article de Réjean Tremblay), Magazine Perspectives, 7 Février 1981
"Michel Goulet:grande vedette en puissance." ( Journal de Montréal, 1 Mars 1981)
Intronisation au temple de la renommée