Léonard dit Léo Gaudreault
Plusieurs jeunes de Chicoutimi, qui avaient vu Georges Vézina dans les buts ou qui en avaient uniquement entendu parler, s'identifiaient à lui et, comme ceux d'aujourd'hui, ils rêvaient de jouer un jour dans la Ligue nationale et particulièrement pour le Canadien. Adélard Desbiens, plus tard devenu dentiste, fut l'un de ceux-là et il s'aligna même quelques semaines, avec le "Grand" club; son nom n'apparaît malheureusement pas dans les statistiques officielles.
Léonard Gaudreault, né dans la région en 1903, vint tout jeune demeurer à Chicoutimi et, dès qu'il fut en âge de chausser les patins, il manifesta du talent pour le hockey. Avant d'accéder au Canadien de la Ligue nationale, il s'alignait toujours avec des clubs qui remportaient le championnat: Chicoutimi, les Sons of Ireland, la Bangue Canadienne Nationale et le Saint-Francois-Xavier. Ailier gauche de première valeur, mesurant cinq pieds et dix pouces et pesant 152 livres, le Club fondait de grands espoirs sur lui lorsqu'on fit appel à ses services pour la saison 1927-1928; il participa à 32 des 44 parties du calendrier régulier, inscrivit six buts et obtint deux aides. Il se fit particulièrement remarquer le samedi 18 février 1928 même si son club avait été défait un à zéro par les Sénateurs d'Ottawa.
Dans son compte rendu, le journaliste de La Presse écrit que "Morenz et Gaudreault ont brillé et se sont tous deux mis en évidence." L'étoile Pit Lépine, dont la photographie figurait alors sur les paquets de cigarettes Buckingham, a été blessé et il ne pourra revenir que la saison prochaine. On compte sur Gaudreault pour le remplacer et "il a joué samedi sa meilleure partie depuis son arrivée. Sa performance a réjoui tous les amateurs qui savent qu'il y a encore un bon homme pour remplacer Morenz au centre lorsque celui-ci est fatigué. Gaudreault s'est montré le rapide patineur qu'il était lorsqu'il jouait dans les rangs amateurs et il a été en évidence à chaque fois qu'il sautait sur la glace. En plus d'être élégant et rapide sur ses patins il est un excellent manieur de bâton. Les joueurs de l'Ottawa ont essayé en vain de lui donner des "body checks", Gaudreault les a tous évités avec adresse. Il a été aussi très dangereux et plusieurs de ses courses auraient pu produire des points. Son "poke check" a été très effectif. On ne saurait trop féliciter Gaudreault pour sa superbe tenue de samedi. Il a démontré qu'il sera capable de remplacer dignement le pauvre Pit Lépine qui, espéronts-le, pourra reprendre sa place avant trop longtemps".
En 1928-1929, Gaudreault n'a participé qu'à onze matches et, probablement blessé, on ne l'a plus revu sur la glace du Forum avant 1932-1933.
À l'âge de 30 ans, il revient pour le Canadien, mais après 24 rencontres où il a compté deux buts et obtenu autant d'aides, sa carrière semble terminée dans la Ligue nationale. Quant même, sur les trente joueurs qui, un jour ou l'autre de l'année, avaient fait partie de l'équipe du Canadien de Montréal, on retrouvait deux gars de chicoutimi: Johnny Gagnon et Léo Gaudreault. Celui-ci portait le chandail No 5, le même que Didier Pitre en 1918-1919, ou dont se revêtirait Johnny Gagnon en 1933-1934. Bernard Geoffrion endossera ce même gilet de 1951 à 1964 et il deviendra celui du joueur de défense étoile Guy Lapointe, de 1970 à 1981.
Personne, dans la région, ne semble avoir conservé le souvenir de Léo Gaudreault et il serait décédé au début des années 1940.
Sources: La Presse, 11 au 20 février 1928.