Biographie d'ancienne vedette
- Léonard Gaudreault -
Par Jacques Bordeleau
Il n'arrive jamais que les noms de Georges Vézina, Léo Quenneville et Johnny Gagnon sont mentionnés, sans qu'on y ajoute celui de Léonard Gaudreault, ancien brillant joueur de centre et d'aile gauche. Étant donné que notre vedette d'aujourd'hui demeure à quelque 350 milles d'ici, nous n'avons pas hésité à aller consulter son frère, M. Isidore Gaudreault de Chicoutimi, qui a bien voulu nous prêter quelques minute de son temps précieux, pour nous causer de son "grand frère", avec orgueil et satisfaction.
Tous les gens qui font le "tour du Lac St-Jean" passent inévitablement devant l'endroit où Léonard Gaudreault a vu le jour, en octobre 1902: juste à la bifurcation de la route Chicoutimi-Hébertville, à St-Bruno, où son père, Pitre Gaudreault, opérait un magasin général. Il était le cinquième d'une famille de treize enfants. En 1912, les Gaudreault s'en vinrent demeurer définitivement à Chicoutimi et les garcons fréquentèrent l'Académie Commerciale, point de départ de brillants hommes d'affaires autant que de futures étoiles de hockey. A l'âge de 14 ans, après avoir complété son cours commercial avec succès et s'être avéré un "solide" prospect pour le hockey, il entrait aux services de la Banque Canadienne nationale de Chicoutimi, comme porte-traites, et devenait en même temps un co-équipier de Lucien Gagnon, Arthur Gagnon, Léo Quenneville, Jos Desbiens, "Petit" Tremblay, "Charlie" Leclerc, etc.
Les années passaient et notre jeune employé de banque montait toujours en grades; ses patrons le transférèrent à Québec, où il évolua quelque deux ans pour des équipes de la Vieille Capitale. Un nouveau transfert de notre jeune Gaudreault nous l'amène à montréal; son apparition sur l'alignement de l'équipe de la B.C.N. et du St-Francois Xavier ne tarda pas. Là, aux côtés de Lucien "Boom" Brunet, J.-Charles Pedneault (Pitou dont nous reparlerons) et autres, il participe à la finale pour la Coupe Allan.
Son habileté à manier le goûret, sa vitesse, son élégance et sa grande performance dans les rangs amateurs ont poussé Léo Dandurand à lui offrir un contrat de trois (3) ans comme professionnel, sur l'alignement des Canadiens de Montréal. Il passa deux ans au milieu de Hainsworth, Leduc, S. Mantha, Burke, Lesieur, Morenz, Joliat, Lépine, G. Mantha, Wasnie, C. Langlois, sans oublier, ses deux copains de ligne, A. Mondou et W. Larochelle, ainsi que Léo LaFrance, G. Hart, Art. Gagné, Paterson et Gardiner. Autant en ce temps-là qu'aujourd'hui, la popularité des "CANADIENS" auprès des jeunes sportifs de notre région était indiscutable. Après une rencontre, on se hâtait de savoir des plus renseignés si notre club en était sorti victorieux et si Léonard Gaudreault figurait dans le pointage, tout comme aujourd'hui on est anxieux d'apprendre que Maurice Richard a compté.
Après deux années d'activités avec l'équipe du gérant Cécil Hart, Léonard est envoyé au club-ferme "Providence" dont il fut l'une des étoiles pendant quelque 5 ans. Il était rare de ne pas voir le nom du "Blond French-Canadian", comme l'appelait le chroniqueur sportif de l'endroit, figurer sur le sommaire en compagnie de ses copains de ligne G. Rivers et H. Harrington. C'est à Minneapolis qu'il a terminé ses activités de joueur de hockey.
Au cours de sa brillante carrière, il fut toujours considéré comme un joueur poli et respecté; son physique moyen, taille: 5' 11", poids: 160 lbs, et son tempéramment pacifique ne l'ont jamais poussé à déclancher ou à participer aux "mêlées générales".
Sans avoir brillé du même éclat que Morenz ou Joliat, notre gars du Saguenay a su profiter des connections et de la popularité qu'il avait cultivées durant ses années de gloire pour se préparer un avenir qui convient bien à un sportif; il a charge de l'annonce du "Gin" de Kuyper" pour la province de Québec.
Saguenay Loisirs, Vol. 1, Num. 2, Décembre 1949.