C'était hier

Fernand Gauthier
De la forêt au... Tricolore

 

Il se sent vraiment bien dans sa peau!  Une forte discipline personnelle lui a permis de se créer un mode de vie assez rigoureux, mais dans lequel il se complaît.   Il ne prend pas de vacances, il mène une vie rangée, il se contente de pratiquer les disciplines sportives qui lui procurent une satisfaction; il aime son travail par-dessus tout et c'est au contact de ses amis et de sa clientèle qu'il trouve son plaisir.

La philosophie de Fernand Gauthier, ancien joueur de hockey professionnel, est de vouloir donner sa pleine mesure dans l'accomplissement de son devoir quotidien et de savoir se contenter et de profiter pleinement de ce que la vie peut nous offrir.

Le hockey a permis à Fernand Gauthier de voir son nom scintiller aux côtés des vedettes du temps qui portaient les couleurs des Rangers de New York, des Wings de Détroit ou du Canadien de Montréal.  Ce ne fut pas toujours facile, car l'aisance et l'assurance d'un salaire alléchant étaient loin d'être le partage de la communauté, mais dans le temps, on savait s'accommoder des exigences quotidiennes.

Natif de Chicoutimi, Fernand Gauthier a suivi ses parents qui sont allés s'établir à Métabetchouan, alors qu'il n'avait qu'un an.  Comme tous les jeunes de son âge, il maniait le bâton et la rondelle, mais dès l'âge de 14 ans, Fernand manifestait déjà une aptitude remarquable.

Il fallait cependant pourvoir à sa survivance avant tout et notre héros fut obligé d'aller dans le bois, travailler à l'abattage des arbres.  Il n'avait alors que 15 ans.  Un dénommé Carufel, de Montréal, l'a finalement remarqué et l'a recommandé aux dirigeants du Canadien qui l'ont invité au camp d'entrainement.  Fernand Gauthier avait alors 18 ans.

Il est revenu pour une autre saison à Métabetchouan, avant de joindre la formation de Shawinigan dans la Ligue provinciale de hockey, avec son compagnon Jacques Lavoie, qui réside aujourd'hui à Alma.  Robert Hébert, entraîneur du Shawinigan, n'a pas été lent à déceler les qualités exceptionnelles de Fernand Gauthier.

En 1942-43, il signait son premier contrat professionnel avec les Lions de Washington.   Fernand était alors âgé d'environ 23 ans.  L'année suivante, il était échangé aux Bisons de Buffalo qui étaient dirigés par Eddie Shore.  A ce dernier endroit, il fit un stage plutôt court avant de passer aux Rangers de New York, en 1943-44, en échange du réputé Phil Watson que tous les amateurs de hockey connaissent bien à Chicoutimi.

Le Canadien de Montréal a obtenu ses services durant une saison, en 1944-45.  Ce qui a permis à Fernand Gauthier de côtoyer des joueurs tels que Buddy O'Connor, Dutch Heller, Murph Chamberlain, Ken Mosdell, le cerbère Bill Durnam, Butch Bouchard, Léo Lamoureux.  A cette période, le trio formé de toe Blake, Elmer Lach et Maurice Richard offrait déjà un spectacle de première qualité et Fernand fut à même d'apprécier la valeur de ces athlètes dont la réputation montait en flèche.

Le couronnement de sa carrière

L'année suivante, il passa dans les rangs des Red Wings de Détroit où il a séjourné durant quatre ans, de 1945 à 1949.  Billy Reay fut obtenu par le Canadien dans cet échange.  Fernand a alors connu sa période la plus fructueuse de sa carrière de joueur professionnel, en compagnie de Gordie Howe, Ted Lindsay, Sid Abel, Harry Lumley et les autres vedettes qui ont fait des Red Wings du temps, une formation étincelante.

Dans ce temps-là, des gars tels que Marcel Pronovost et Alex Delvecchio, qui ont joué un rôle important dans l'uniforme des Wings par la suite, étaient alors dans les rangs juniors, à Windsor.

Après cette période de quatre années vécues à Détroit, Fernand Gauthier fut dirigé à St-Louis, de la Ligue américaine, où il séjourna une saison.  En 1950-51, il passait ensuite aux As de Québec de la Ligue senior provinciale, qui étaient alors sous la direction de Punch Imlach.

Fernand a finalement terminé sa carrière active à Ville St-Laurent de la Ligue provinciale, près de Montréal.  Après avoir consacré 15 années de sa vie à pratiquer notre sport national, c'était pour lui le point final d'une épopée glorieuse.

Une bonne discipline

Doté d'un physique robuste et d'une constitution assez forte, Fernand fut tout de même assez chanceux, car il n'a subi aucune blessure sérieuse au cours de sa carrière.   Il a toujours su se garder en bonne forme par un entraînement sérieux et une vie rangée.  Ayant négligé de satisfaire à ces exigences pendant quelque temps après avoir abandonné le jeu actif, M. Gauthier avait subitement augmenté son poids à 240 livres, ce qui l'incita à revenir à ses bonnes habitudes de l'entraînement quotidien.

La natation, les poids et haltères, un peu de jogging, aucun excès dans l'alimentation et la boisson, lui ont aidé à retrouver une forme physique convenable.

La pratique du golf et du ski de fond sont venus compléter son éventail de disciplines sportives et, présentement, Fernand Gauthier peut jouir de la vie avec grande satisfaction.

"Les vacances, les voyages, la vie sociale mouvementée, n'offrent pas d'attrait particulier, avoue Fernand.  Je préfère travailler régulièrement et être en mesure de répondre à la nombreuse clientèle qui me fait confiance depuis que je trvaille dans l'assurance avec le Club Automobile".

 

Progrès-Dimanche, 16 Octobre 1977.


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