Au camp des Nordiques de Québec
La robustesse, l'atout de Bilodeau
Par Pierre Fellice
Québec (PF) - Gilles Bilodeau remisait lentement son équipement, hier matin, au Pavillon de la jeunesse. A l'instar de ses coéquipiers, le géant de St-Prime venait de terminer un léger exercice de patinage, avec séance de photographie, après avoir passé l'examen médical obligatoire.
"Je suis à la fois confiant et nerveux", réfléchissait-il alors tout haut. "Et je pense que tout le monde est un peu dans le même cas chez les Nordiques. C'est un nouveau décor, et la Ligue nationale ce n'est quand même pas l'Association mondiale. Chacun a alors tout à prouver, de sorte que peu importe ton statut, tu recommences pratiquement à zéro."
Gilles Bilodeau n'aura pas la tâche facile, ca, il le sait et il n'est pas besoin de lui faire de dessin. D'autant plus qu'il aura à disputer son poste d'ailier gauche face à onze autres joueurs dont Marc Tardif, Michel Goulet, Alain Côté et Richard David, entre autres.
"Il y a un aspect qui joue en sa faveur, toutefois, et c'est la robustesse", fait-il alors remarquer. "C'est un point sur lequel je miserai beaucoup dès le début du camp d'entraînement demain (aujourd'hui). Surtout que les Nordiques auront certes besoin d'un policier, à leur première saison dans le grand circuit, afin de se faire respecter dans certaines autres villes de la ligue."
Mais ce rôle de policier plaît-il toujours à Gilles Bilodeau...?
"Je veux bien me plier à ce rôle, en autant que je joue régulièrement. Je ne recherche pas nécessairement la bagarre, mais lorsque la situation l'exige, je suis prêt à me défendre et à défendre mes coéquipiers", réplique-t-il alors immédiatement.
Un nouveau départ
Gilles Bilodeau ne se cache pas, par ailleurs, pour affirmer que la saison dernière aura été frustrante pour lui, mis à part toutefois les derniers mois où il a été rappelé par les Nordiques.
"Les trois mois que j'ai passés à Binghamton ont été terribles. J'ai participé à peine à dix rencontres au cours de ces trois mois, et j'ai même songé à tout abandonner à un certain moment donné. Je n'étais d'ailleurs pas le seul dans ce cas puisque tous les joueurs de l'AMH qui se sont retrouvés à cet endroit, ont été relégués au second plan. On leur préférait de beaucoup ceux qui venaient de la Ligue nationale."
Ces frustrations passées, Gilles Bilodeau veut rejeter et vite, les souvenirs de cette dernière campagne. Et c'est avec un nouvel optimisme qu'il s'est présenté à l'entraîneur Jacques Demers, hier matin.
"Il y a longtemps que je n'ai pas été nerveux comme ca au début d'un camp d'entraînement", raconte-t-il. Je suis toutefois en pleine forme présentement et la période des vacances commencait à me tomber sur les nerfs. Tout ce que je souhaite, c'est que la direction des Nordiques me donne réellement la chance de prouver mes capacités."
Mais si Gilles Bilodeau devait être retranché de l'équipe...?
"On pourrait certes m'envoyer soit avec les Firebirds de Syracruse, ou les Blades d'Erié, dans la Ligue américaine de hockey. Si tel devait être le cas, je demanderai sans doute un transfert avec Birmingham, dans la Ligue centrale, compte tenu que j'ai passé l'été à cet endroit et que j'y possède encore un appartement."
Toutes ces possibilités demeurent toutefois très loin de la pensée de Gilles Bilodeau pour le moment. "Et tout ce qui importe, c'est de faire l'équipe des Nordiques", affirme l'athlète du Lac-Saint-Jean.
Le Quotidien, 18 Septembre 1979.