Jeannot Gilbert

Et surtout... des souvenirs

Par Michel Lavoie

 

La Baie (ML) - Cela fait huit ans que Jeannot Gilbert a accroché ses patins "professionnels" au clou de la retraite.  Huit ans déjà.

Il ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire en apportant la précision.   "Les carrières sont courtes au hockey; si on pouvait jouer jusqu'à 60 ans...", me lance-t-il, encore à la blague, derrière le comptoir de la tabagie qu'il opère depuis maintenant trois ans au Galeries de La Baie.

De son aventure dans la jungle du hockey professionnel, il lui reste, aujoud'hui, un fonds de pension de la Ligue Américaine, de nombreux amis et tout un bagage de souvenirs.

Pour cause, puisque l'ami Jeannot en a bourlingué un coup, pris qu'il a souvent été entre deux valises.  Il y a d'abord eu son séjour d'un an à Kingston dans la Ligue professionnelle de l'Ontario; puis son passge à Minneapolis dans la Ligue Centrale; ensuite son accession à la Ligue Américaine, tantôt à Providence et après à Hershey; enfin, la conclusion, deux ans à Québec avec les Nordiques de l'AMH.

Il retient particulièrement son association avec les Fleurdelisés et les succès rencontrés avec les Bears de Hershey.

"L'année où j'ai remporté le championnat des compteurs de la Ligue Américaine (1968-69) et où Hershey a remporté la Coupe Calder, et ma participation, avec les Nordiques, en 1973-74, à la finale de la Coupe Avco, représentent mes meilleurs souvenirs.  Les Aeros de Houston nous avaient battus, mais ce fut quand même quelque chose, notamment de jouer contre les trois Howe", dit-il avec de l'éclat dans les yeux.

Avec les Bruins

Pour l'ensemble de sa carrière, il n'a joué qu'une vingtaine de parties dans la vraie Ligue Nationale, toutes avec les Bruins de Boston.  Le circuit regroupait alors six clubs et ne graduait pas qui voulait.

"Les places étaient restreintes dans la Ligue nationale et plusieurs perdaient leur temps dans la Ligue Américaine.  Les équipes de ce circuit valaient bien des équipes de la LNH d'aujourd'hui", se souvient Gilbert.

Il a eu sa chance malgré tout de faire son chemin dans une autre organisation que celle des Bruins.  Repêché par les Penguins de Pittsburgh, lors de la première expansion de la Ligue Nationale, il n'a pu en venir à une entente contractuelle avec cette équipe qui l'a échangé aux Bears de Hershey.

"L'organisation des Penguins n'était pas la plus sérieuse et j'ai eu un litige avec le directeur-gérant.  Je m'étais fait un peu arranger avec mon contrat et dans ce contexte, je n'étais pas fâché de retourner à Hershey où on était très bien traité", explique-t-il.

Aujourd'hui, il le regrette un peu.  S'il avait plié, il aurait pu connaître quatre à cinq bonnes saisons dans la Ligue nationale.

S'il entretient un autre regret, c'est celui de ne pas avoir connu la Ligue nationale à 20 équipes et l'époque des salaires mirobolants.  Par exemple, il aurait aimé endosser l'uniforme des Nordiques lorsqu'il était à son meilleur plutôt que sur le tard de sa carrière.

"C'était payant du moins ce l'était pour moi, de jouer au hockey pour ce temps-là parce que l'argent avait de la valeur, mais les salaires n'étaient quand même pas aussi fabuleux.  J'ai bien vécu avec le hockey et c'est seulement de valeur que ca n'ait pas duré plus longtemps", mentionne-t-il.

Transition

La première année, la transition de hockeyeur actif à retraité lui a été difficile.  Il s'est finalement fait à l'idée et aujourd'hui, à 41 ans, il a l'air pleinement heureux dans sa peau d'hommes d'affaires.  Comme il le dit, le commerce est aussi dur qu'il l'était jadis de percer au hockey, mais il y trouve une grande satisfaction et le moyen de bien vivre en compagnie de sa femme Monique (Fortier) et de ses enfants, Richard (11 ans) et Marie-Hélène (5 ans).

Et puis le hockey continue d'avoir une place de choix dans ses loisirs.  En plus de jouer à l'occasion pour l'équipe des Anciens Nordiques de Québec, il évolue régulièrement pour la "Brasserie 252" dans une Ligue intermédiaire de La Baie.  Annuellement, il ne manque pas, non plus, de jouer dans plusieurs tournois régionaux.

"J'aime encore jouer au hockey et retrouver les gars.  Ca te permet de relaxer et d'oublier tes petits soucis de tous les jours", avoue-t-il.

Le "bonhomme" tire encore très bien son bout.

 

Progrès-Dimanche, 7 Février 1982.


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