Georges Vézina,  le "Concombre de Chicoutimi"

Bien que ce Bleuet de Chicoutimi, Georges Vézina, soit décédé depuis au-delà de 70 ans, sa mémoire est toujours vivante et elle n'a pas été ensevelie dans le linceul de l'oubli.

Le 14 mai 1927, guère plus d'un an après sa mort prématurée, le trophée Vézina était institué par la Ligue nationale de hockey afin d'honorer le gardien de but le plus efficace.

Le Temple de la Renommée du hockey, fondé à Toronto en 1943, glorifiait ses neuf premiers élus en avril 1945 et Georges Vézina faisait partie de ce groupe de choix.

En 1947, la ville de Chicoutimi rappelait également sa mémoire d'une facon éclatante en donnant son nom à un nouvel aréna, le Centre Georges-Vézina, au 643, rue Bégin.

Fils de Georges Vézina, boulanger, et de Clara Belley, Georges Vézina est né à Chicoutimi le 21 janvier 1887, ville où son grand-père Vézina avait vécu.  Les ancêtres, originaires de La Rochelle, s'établirent d'abord à L'Ange-Gardien avant d'émigrer dans Charlevoix.

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Carte des Menbres du Temple de la renommée,par C. Mcdiarmid,Cartophilium 1983.

 

En 1902, à l'âge de quinze ans, Georges Vézina était déjà un redoutable gardien de but, mais il n'avait encore pratiqué que du "hockey bottines" puisqu'il ne chaussait jamais de patins.  Ce n'est qu'en 1908 qu'il consentit à laisser visser des lames sous ses chaussures.

Le 17 février 1910, le Canadien vient à Chicoutimi pour une partie hors concours.   Grâce aux prouesses de Vézina, le club local défait le "Grand" club par un pointage de 10 à 5; peu après, il fait subir le même sort aux Bulldogs de Québec en les battant au compte de 10 à 8.  À l'époque, les règlements défendaient au gardien de but de se jeter sur la glace et même de faire des passes, ce qui compliquait d'autant sa tâche.  Le gérant du Canadien, Jack Laviolette, est alors tellement impressionné par la performance de Vézina qu'il lui fait immédiatement signer un contrat d'engagement.   Si son frère Pierre "Pitre" l'avait voulu, il aurait été engagé lui aussi.

Georges Vézina a joué sa première partie pour le Tricolore contre Ottawa, le 31 décembre 1910 et sa dernière a été disputée contre Pittsburgh, à l'Aréna Mont Royal, le 28 novembre 1925.  Il était également devant le filet lorsque le Canadien inaugura le Forum, le 29 novembre 1924, contre Toronto.

Durant ses quinze années avec le Tricolore, il avait participé à 328 parties régulières pour une moyenne de 3.49 buts, ce qui, à l'époque, s'avérait phénoménal.  En 1924, Vézina recueillit presque tous les suffrages dans un concours qui désignait non seulement le meilleur cerbère de l'année mais celui de tous les temps.  C'est une des raisons pour laquelle, en 1918, on lui avait fait l'honneur du dossard No 1 sur son chandail.   Après son décès et avant que le fameux gardien de but Georges Hainsworth récupère ce numéro symbolique, il avait été porté par deux joueurs de défense différents du Canadien.   Plus tard, Gerry McNeil, Jacques Plante, Lorne Worsley et autres auront également droit à ce numéro de prestige.

Avare de mouvements inutiles et plutôt stationnaire dans ses buts, Georges Vézina, dit le "concombre de Chicoutimi", était cependant vif comme l'éclair et, quand la situation l'exigeait, il pouvait se mouvoir avec l'agilité d'un chat ou d'une panthère.   Grand et mince, ses jambières étroites donnaient à sa silhouette l'apparence du légume dont on avait fait son sobriquet.  Ce surnom, issu de l'expression "as cool as a cucumber", est le symbole du sang-froid et traduit bien l'admiration qu'il savait susciter sous la mitraille des "barrages continus de rondelles volantes"

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Carte de hockey de la serie Pro Set 1991-92.

Avec Vézina dans les buts, le club remporta deux fois le championnat de l'Association nationale de Hockey, trois fois le championnat de la Ligue nationale et deux fois la coupe Stanley.  Il était devant les filets lorsqu'une reprise de l'épidémie de la grippe espagnole et la mort de Jos Hall, joueur de défense de son club, interrompit la finale de la coupe Stanley, le 5 avril 1919.

Le 3 juin 1908, à la cathédrale de Chicoutimi, Georges Vézina épousait Stella Morin, fille de Charles Morin et de Flore Vézina.  Ils mirent au monde vingt-deux enfants dont Marcel-Stanley, né le soir de la conquête de la coupe Stanley en 1916.   Marcel-Stanley Vézina fut plus tard à l'emploi du Canadien National et, en 1949, il vivait à Jonquière; à la même époque, deux frères du gardien de but, Jean-Jules Vézina, barbier, et  Ludger Vézina résidaient à Chicoutimi.

Lors de sa dernière et tragique partie au Forum, Georges Vézina, malade, faisait 102 degrés Fahrenheit de température.  Ayant peine à se tenir entre ses poteaux, il bloquait quand même toutes les rondelles et l'adversaire se trouvait toujours devant une feuille blanche de pointage à la fin de la première période.  C'est alors que celui qui n'avait jamais manqué une seule joute, en saison régulière ou durant les éliminatoires, s'écroula sur la glace, terrassé par une hémorragie.  Il ne devait plus revenir au jeu et il mourut de la tuberculose quatre mois plus tard, le 27 mars 1926.   Il était âgé de 39 ans et 2 mois.

"Le hockey, jusqu'ici, n'a pas eu son égal.  Le compagnon, l'ami, le gentilhomme chez Vézina n'était pas inférieur au joueur.  Généreux, affable et charitable, il n'est pas un joueur, gérant, capitaine, qui contredira ce que je dis".  (Léo Dandurand en 1926).

Sources:  Archives de la ville de Chicoutimi.    

               Archives de la Société historique du Saguenay.

              Archives de la Société d'histoire de Roberval.



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